
Chaque été, les Français redoutent le cambriolage. Loin des alarmes sophistiquées, beaucoup misent sur des subterfuges parfois étonnants pour protéger leur maison.
Et si votre maison n’était pas si vide qu’elle en a l’air ? Avec l’été et les départs en vacances, la peur du cambriolage revient en force. Selon une récente étude menée par FLASHS pour Depanneo, 78 % des Français y pensent avant de partir, et près d’un sur quatre renonce carrément à ses vacances par peur d’être cambriolé.
Dans ce contexte, chacun improvise sa propre stratégie. Simulation de présence, fausses caméras, pancartes « chien méchant » sans chien… : les astuces pour dissuader les intrus se multiplient. À travers ces pratiques, c’est tout un rapport à la maison, à la sécurité et au lien social qui se dessine.
Alors, que dit vraiment cette étude sur nos réflexes de protection ? Et pourquoi ce besoin si fort de reprendre le contrôle, parfois avec des moyens de fortune ? Décryptage.
La peur du cambriolage gâche l’été de nombreux Français
Le chiffre a de quoi surprendre : près de 8 Français sur 10 pensent au risque de cambriolage avant un départ prolongé. Et pour certains, cette angoisse dépasse la simple inquiétude. L’étude révèle que 24 % des sondés ressentent une angoisse forte à l’idée de laisser leur domicile vide. Pour 23 %, cette peur va jusqu’à faire renoncer aux vacances ou écourter le séjour.

Chez les personnes ayant déjà été victimes, ce sentiment est encore plus fort. Près de la moitié d’entre elles disent avoir déjà modifié leurs plans estivaux par peur d’un nouveau cambriolage. Le traumatisme laisse des traces et modifie durablement les habitudes. L’étude met en lumière une réalité méconnue : le cambriolage ne touche pas seulement les biens, il fragilise aussi le rapport à l’intimité du foyer.
Des ruses de plus en plus courantes pour simuler une présence
Faute de mieux, nombreux sont ceux qui rivalisent d’inventivité pour protéger leur maison. Loin des dispositifs professionnels, ce sont souvent des astuces du quotidien qui sont privilégiées. L’étude montre que 48 % des Français ont déjà utilisé un subterfuge pour faire croire que leur logement était occupé. Ce chiffre grimpe à 60 % chez les moins de 35 ans, particulièrement inventifs dans ce domaine.


Les solutions varient : certains programment des lampes ou de la musique avec leur application domotique, d’autres installent une fausse caméra ou affichent un panneau dissuasif. Il arrive même que des enregistrements d’aboiements soient diffusés à intervalles réguliers. Ces tactiques ne garantissent pas l’efficacité, mais elles traduisent un besoin fondamental : celui de reprendre le contrôle face à une menace perçue comme imprévisible.
Une sécurité souvent assumée seul, sans filet collectif
Ce que révèle l’étude, c’est aussi l’individualisation de la gestion du risque. À défaut d’un accompagnement généralisé, chacun improvise sa propre méthode. Si 43 % des Français sont aujourd’hui équipés d’un système de sécurité, une large majorité gère seule son installation, souvent sans abonnement. Seuls 14 % ont fait appel à une société spécialisée avec abonnement. Pourtant, ces derniers sont ceux qui se sentent le plus en sécurité, preuve que l’investissement dans une solution professionnelle est aussi un levier de sérénité.

Ce recours très personnel à la sécurité illustre une inégalité d’accès aux moyens de protection. Selon son âge, son niveau de revenu ou son lieu d’habitation, on ne protège pas sa maison de la même manière. Ce sont les habitants des maisons, notamment en zone urbaine dense, qui se sentent les plus exposés. Dans ces situations, la technologie ne suffit pas toujours à apaiser l’inquiétude.
Voisins, police, réseaux sociaux : des alliés ambigus
Face au cambriolage, le lien humain devrait être un soutien. Mais l’étude révèle une certaine méfiance. Si 68 % des Français disent faire confiance à leurs voisins pour surveiller leur maison pendant les vacances, ils ne sont que 28 % à leur laisser les clés sans hésiter. Le plus souvent, la surveillance reste extérieure, visuelle, sans franchir le seuil. Une part non négligeable, 16 %, ne se sent même pas en confiance pour demander de l’aide au voisinage.

Côté institutions, l’opération Tranquillité Vacances, proposée par les forces de l’ordre, reste encore trop peu utilisée. Un quart des Français y ont déjà eu recours, mais une majorité se contente de connaître l’existence du dispositif sans en profiter.
Sur les réseaux sociaux, la prudence s’impose, mais elle reste très variable. Si 43 % des utilisateurs évitent d’annoncer leur départ, 18 % ne modifient en rien leurs habitudes. Les jeunes de 18 à 24 ans, pourtant les plus exposés, se montrent paradoxalement les moins vigilants. Or, publier une photo de plage en temps réel peut suffire à signaler une maison vide à un individu mal intentionné.
Le cambriolage, symptôme d’un malaise plus large
Au-delà des chiffres, cette étude dit quelque chose d’un sentiment collectif. La sécurité du domicile ne va plus de soi. Elle se construit au quotidien, entre initiatives personnelles et méfiance envers les autres. Si le recours à la technologie progresse, il ne suffit pas à combler le besoin de confiance, de soutien ou de protection partagée.
La maison reste ce lieu intime, parfois fragile, que chacun tente de défendre avec les moyens du bord. Et derrière chaque ruse, chaque lumière programmée, se cache une même préoccupation : rentrer chez soi et retrouver son cocon, intact.